• Rentrée

        goramy logoesprit-copie-1N° 911 - Rentrée

        Catégorie : CartableMicrophone


    goramysu petitecolierRentrée fracassante d’un set ambré d’un sept temps breloqué en capitaine Fracasse…

     

    Le cancre debout, monté sur les tables, genoux écorchés sous des bermudas boutonnés ou ficelés dans une blouse grise, chahute avec ses petits camarades, autres têtes blondes ébouriffées aux taches de rousseurs sur des joues bien écarlates.

    Tels des lutins de Cassandre, ils viennent apprendre sur des lignes de cahiers des premiers mots en A de la belle peau d’ âne, jusqu'au Z, zèbre zébré du zoo, ou des tables démultipliées en couvertures de papiers brouillons d'avions pliés en quatre fois quatre. Claquement des pupitres clinquants de chapitres crépitants d’années passées de scolaires en écoliers, chaque rentrée renait sous les feuilles orangées des marronniers, grands seigneurs de la cour à marelles et des pluies de marrons. Autour des bancelles de bois ferronnés, sous les préaux, près des urinoirs, s' improvisent des joueurs de foot, de billes , de guerre, d’échasses, d’élastique, de loups ou de maman, 1,2,3… Soleil et la pluie rentre.

    L’instituteur, ôte d’autres maitres d’écoles, de maitresses et d’assistantes, de jardiniers ou de concierges, en prêtre du savoir et du sonneur d’horloge maitrisant, et de biens d’autres sons de cloches et de pendules, clinque et tinte en neufs coups matinaux le mois de la fin de récré.

    Dans l’antre du savoir, le long du couloir de bois en parquet ciré, grinçant, arpentent des portes manteaux en becs de canards sous des étiquettes vissées, cartels de défilé de prénoms préparés, sérigraphiés d’ingénieuses lettres calligraphiées et encadrées. Le garçonnet des camarades pend et aligne les petits vêtements d’anges, bonnets de puces et reprend le cartable troué de batailles avant d'entrer dans la grande pièce du jardin aux punitions.

    Une fois passé la porte, s’ouvre pourtant la plus belle des classes éclairée par les grandes fenêtres vitrées blanches, où tombent et défilent les lumières des brumes de tous les matins des saisons écolières. La grande classe, celle à la craie crayonnant et crispante, des grands tableaux noirs, verts, ou quadrillés, où traine toujours l’éponge mouillée au bout de la rigole, près du coin tant redouté de l'école. Il y’ a là, les armoires qui parlent aux livres anciens remplis de mémoires, les cartes qui se redessinent sans cesse sur des nouveaux mondes et mêmes sur des eaux, au delà des frontières. Des frises ectopiques découpées sur des grandes bandes periodiques, défilant le long des murs le mètre en milliers d’années, traçant l' échelle des périples de l'homme singe en homme blanc. De progrès en évolution, d’ignorance en connaissances, au fond des paresseux, toujours près du poêle, le cancre, la main pas loin, prend son pied et voyage dans des imaginaires rêveurs à penser déjà aux lents demains des grands, des héros chevaleresques, des rois, des batailles, des savoirs notés d’un dix huit octogonale magnifiquement orthographié et archivé de la plus belle des plus belles notes d' histoires de princesses et de charmants. D’ici là, l’instituteur aura changé l’horloge de ses aiguilles et les têtes des champignons en queues de citrouilles de gardiens d'anges se transformeront comme par magie en heurts de sorcelleries rouges d'un mois d’octobre roux… En attendant.

    S'b. (2011)

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