Poisson

   N° 411 - Poisson

    Catégorie : Pêche

Avril décousu d’un fil accroché dans le dos du poisson de l' Ô…

Explosions d’un cœur pollen sur le dard d’une guêpière en ruche, la nature s’émerveille de ses couleurs printanières. Cybèle, en tenue de mariée, prêche la couronne des mois en fleurs. Marquée d'une pierre noire qui terrifie les esprits, elle se réveille, pas moins endormie, cocons de chrysalides en friches d’un jour premier pied de nez où le mensonge est permis.

Clowns alambiques, chefs de tributs, cavaliers éternels, carnavals, ritournelles s’illuminent sous les masques vasques comédies de la vie qui passe en premières fêtes oisives des beaux jours. Théâtres de poissons, où les voyageurs s’arrêtent et content leurs exploits divers de traversés des mers, épiques des héros bravés de conquêtes. On boit les sirènes des vagues de vingt mètres, des poissons qui volent au dessus de la trinquette et toutes autres hautes créatures qui nagent et plongent au plus profond des abimes.

Alors que je ne taquinais que le fluet au bord de la rivière, moi, pieux matelot de la digue de la Rosette, je pensais à mes aventures, combats de brochets. Carpes, truites, brèmes et autres hôtes de quelques beaux gardons, contre espadons, requins bleus des îles ou géantes baleines, ma pêche était bien dérisoire sur ma modeste barque en bois, cane à pêche en résine, démêlant les fils d’un moulinet débile accroché à la cime de la plus belle des hautes branches d’un chaine qui ne se plie pas. Sur cette rivière que le soleil scintille, accroché à mon destin, j’abandonnais tous ces efforts pour m'allonger et me laisser bercer par les vagues de la dame d'or. Elle est belle et ne conte pas d’aventure. Elle est douce et délicate. Elle pleure juste le goût des algues vertes, déchets et autres pollutions que l’homme n’arrête d’employer à laver. La vive fraiche est tarie d’éloges et, endormi dans ma barque, rivière à sec ou stagnante, elle ne me bercera bientôt plus et me chante… Mai fit toi..."

 S'b.