•     goramy logoesprit-copie-1N° 512 - L'Usine

        Catégorie : ManufactureMicrophone


    imge_goramy_mars-copie-1.jpgFée d' amis de poils et de plumes...

     

    Il était une fois, il y a fort longtemps, une fée, avec des ailes et tout le bataclan, maléfique, belle comme une drogue, électrique et nucléaire, dans une échappée belle, survola un monde imaginaire de rêves et d'endormissements. Le battement de ses ailes laissa derrière elle une pluie de poudre noire de songes où nul ne se réveilla avec la même gueule de bois en trophée de tête. Bêchées de bêtes sur lesquelles les hommes avaient tant abaissé, elle attenta de leurs pouvoirs irrespectueux sur la nature sauvage domestiquée en un pot de boudoir de boudins d'enfumoirs jusqu' aux cheminées terribles d'usines d’abattoirs de peaux mortes de cochons, de poulets, de vaches ou de moutons. Dans cette ferme de brais, d'hénissements et de claquets, le petit monde des animaux qui fut coquin copain comme cochon, devint une pièce théâtrale de scènes de semi-monstres. Entonnant le chant de sirène qui alerte les réveils des jours, le coq, offusqué de son allure, alla se plaindre de son corps d'homme, dépourvu des plus belles plumes de queue,  fierté de son roi de règne. "Et toi", s'adressant à l'âne, "pourquoi la fée ne t'a pas jeté le sort comme à nos confrères? Serais-tu le plus malin pour n'avoir que sous tes épaules ton corps poilu gris de bête et pas celui dépourvu de nos maitres". L'âne brait et lui répondit : "oh, regarde les cornes de l'ami bouc, ne sont elles pas les mêmes du cocu fermier qui nous fouettait toute la journée ? Regarde les preux moutons, n' ont ils pas la pensée unique comme tous ses voisins de cocagne ? Observe, les vaches, peaux de salopes, nonchalantes mais tout aussi sournoises. Vois-tu le cheval, bêta, esclave des corvées affligeantes mais toujours bien dressé sur ses deux pieds pour être juste fière ? Le cochon, soufflet de porc qui se prélasse dans sa merdasse pour ne plus en bouger ? Entends tu les cancans des canards qui se lisent en torchons ? Les lapins qui forniquent jusqu' à s'entasser dans les tours des clapiers ? Regarde le chien aboyant et montrant les crocs au premier qui en veut à son écuelle. Les chats et les chattes, félins et félines, emplies de malices toutes aussi hypocrites. Et tes femmes, poules ouvrant le bec des médisances, des racontars et des "on dit".   Au bout de tes doigts qui ne sont plus tes ailes, compte les points communs qui nous rallient aux horreurs des nantis. Tu t'apercevras qu'au pied de ton fumier, grignote encore les brins d' herbe, ton festin houleux de vers et d'insectes. Des petits hommes, bien preux qui, pleurant sur leur misère, ne lèvent même plus la tête vers le très haut des cieux. Tu comprendras alors que malgré vos corps, rien d'autre n'a vraiment changé. Je me plais aujourd'hui à te regarder ainsi, car tu ne rêvais jusqu'alors de naître comme eux. Avec une tête aussi bien faite, ton bec acidulé, ta crête rouge de sang, tu es et tu resteras le phœnix de notre royaume et les pigeons pourront relater dans la contrée tous les versets de tes psaumes. Plais-toi à te railler de mon corps de quadrupède, de mon museau et de mes longues oreilles. Si contrairement  à vous autres, je n'ai pas changé, c'est sans doute que de ma bêtise je ne suis que bâté et têtu. Je me plais à bramer vos sarcasmes, à m'arrêter quand je n'ai plus envie de marcher. De vous tous, j'ai écumé tous les fouets de bâtons et de mes cicatrices j'ai toujours su dire non aux ordres totalitaires et directifs des corps d'hommes pointant du doigt toutes les dérives d'un pouvoir radical qui amène toujours le pire et le mal. Je grignote et prends plaisir à curer ma langue avec les chardons. Ça pique, ça fleuri, les flocons en parsèment mes champs. Et de rire à braire encore, je me marre de savoir que ma peau reposera sur les épaules dénudées de celle qui des contes en sera le chagrin de votre puérile supplice".

     

    S'b. (2012) 

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